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La Chine n’a pas inventé le fil à couper le beurre, mais certainement la poudre…

Détonateur, pour sûr, ce bus marqué de caractères chinois : « Kunming », qui nous a doublés tandis que nous poussions, poussivement, sur les lacets de cette route mythique et tortueuse, Vientiane-Luang Prabang, que nous allions mettre dix-sept heures à parcourir quand ce « VIP » sinisant proclamait, lui, vingt-quatre heures tout compris, de Vientiane à Kunming − la capitale du Yunnan voisin, en Chine, de l’autre côté des montagnes…

Kunming, j’y avais été deux ans auparavant, pendant le voyage « autour du monde » que je m’étais offert en quête de pause, de dessin et de ré-étonnement, d’Asie beaucoup aussi, et d’un peu d’autre encore, un an durant… Kunming avait marqué une étape, un pion un peu plus rehaussé sur la carte, un sommet un peu imprévu. J’y avais passé, d’abord, deux jours de « digestion » abasourdie d’un premier mois de découverte chinoise, préparé un passage vers le Vietnam finalement opéré sous la pluie, dans un bus où tout valsait sous les banquettes : les mégots mouillés de crachats, les cartons à moitié défoncés, et un chien couinant, privé, lui, de ces arrêts pipi auxquels (au grand damne de nos sens olfactifs et visuels) nous avions droit, et qui sans doute contribuait lui aussi à la boue parfumée dans laquelle se promenaient nos sacs, au sol…

A vrai dire, cette boue maculait encore mon sac quand j’étais retournée à Kunming, quelques mois plus tard, après mon périple vietnamien et sud-asiatique. J’avais cette fois pris le temps d’explorer plus la ville, passé cinq jours à écumer une grippe monumentale dans le lit d’un dortoir à peine surpeuplé, parcourant virtuellement les environs grâce aux récits rapportés quotidiennement par un ballet de coturnes internationaux en sacs à dos, puis exploré pour de bon, les ruelles croulantes où l’on tissait des nouilles, les supermarchés tonitruants où l’on se bousculait en grand art sans rien acheter, les avenues sur les trottoirs desquelles flottaient, en désordre, de calmes vendeurs de choses pour le moins surprenantes.

J’avais compris que Kunming est une ville partiellement musulmane, organisée autour d’une énorme mosquée à dôme vert, et qu’en marchant au hasard pendant quelques heures, je pouvais passer d’une allée écroulée à une contre-allée de livraison super-mercatique, d’un marché où l’on piaillait modestement au-dessus de cages à oiseaux et de bassines d’animaux saugrenus, à d’autres où l’on assommait devant vous le poulet de votre choix. Mais c’est à peu près tout, j’avais filé ensuite m’essayer au Kung-fu dans un monastère bouddhiste, pratiquer le Tai chi au pied d’une muraille posée dans la montagne, et de Kunming ne me restait que cette vague impression que je n’avais pas tout parcouru de la Chine… Même si j’avais avalé, très probablement, cent kilomètres de nouilles, et cinq mille de lacets défoncés et autres voies ferroviaires, passagères, et aviaires.

Quand ce bus est passé, donc, clamant « Kunming » de ses gais caractères et de sa fière allure de bus « qui tient la route », je n’ai pu m’empêcher d’interpréter ça comme un signe probable de l’horoscope, du tao et de la divination stellaire réunis. La lune était pleine − c’est elle qui nous a probablement menés à bon port, étant donné le léger retard pris par notre engin roulant qui, contrairement à la coutume laotienne usuelle, avait choisi de continuer à se tortiller, à presque vive allure, dans la nuit pourtant tombée… Sur cette parcelle toute pittoresque, il faut bien le dire, de la route post-Vang Vieng, où l’on a le sentiment d’être en équilibre sur un territoire raviné et lui-même assez équilibré, le paysage au clair de lune, après déjà quatorze heures de bus, était saisissant de charme, et il suffisait de regarder vers le haut, après tout, et pas trop vers le bas, pour en apprécier la somme toute divine inspiration… −, la lune était pleine, donc, et cette soudaine apparition du yin dans l’état de yang où je me trouvais a achevé de me convaincre que là, derrière les montagnes et la mince frontière inventée quelque part pour cerner l’Empire, était ce que je cherchais…

Je cherchais la Chine depuis longtemps, à vrai dire, et j’avais nourri, avant déjà cette première découverte incomplète et biscornue de « tourdumondiste » en quête et maigre passage, tout un tas de rêves sur cette masse curieuse qui s’étalait, là-bas au bout de la plaine et de l’Europe toujours prolongée, cette masse qui, à coup sûr, n’était plus l’Europe… Là, au moins, ce n’était plus l’Europe. Là j’allais pouvoir trouver quelque chose de vraiment bizarre, vraiment étrange, là j’allais pouvoir me laisser aller à ces deux mots de « bizarre » et d’« étrange » qu’autrement j’avais choisi, par une simple rature plus ou moins politiquement correcte, de bannir de mon vocabulaire…

J’avais bien rêvé, donc, au fil des ans, bien chargé « ma Chine » d’images et d’idées, et d’expositions, et de mots glanés des autres, et d’Histoire, et d’incompréhensions, et encore d’autres images pour pallier ces incompréhensions, et finalement, un jour, j’avais eu le temps, l’argent et l’énergie d’aller voir, d’aller pousser la porte, sur la pointe des pieds, de ce gros morceau qui me terrifiait et me happait en même temps. Ce tour du monde m’offrait cette rencontre… J’arrivais du Japon, et passais ensuite au Vietnam, ce qui me laissait la chance de coincer la Chine, ce mastodonte peut-être aussi inquiétant qu’un dragon, entre deux voisins plus ou moins complaisants, en tout cas entre deux points de référence qui n’étaient plus, déjà, la France.

Je maniais les baguettes comme un chien, un jeu de quilles, et je ne reconnaissais même pas le nom de Zidane quand on me disait : « Dje-da-neu ! Dje-da-neu ! »… Mais j’y croyais, j’étais à fond, j’avais acheté un manuel de chinois « colloquial », et je soliloquais, tout en colloquiant, dans les bus, les trains et les restaurants. Je me frottais à ces mythes que je m’étais construits, et j’en créais d’autres au passage, ce qui ne rendait pas la tâche aisée de tourner le dos, de si vite, à la Chine et d’oublier, sitôt passée, sa découverte…

Je me suis trouvée infectée, non pas du SRAS comme on me l’avait prédit à l’époque, mais d’un virus non catalogué, et pourtant assez prégnant : la sinomanie. Impossible de me sortir la Chine de la tête. J’ai poursuivi vers l’Australie, vers la Nouvelle-Zélande post-Seigneur des Anneaux, qui pourtant était censée vous scotcher durablement et vous enlever toute velléité autre de découverte, quelle qu’elle soit, de la planète terre et des autres espaces interplanétaires réunis ; j’ai rajouté une couche d’Amérique latine, mais toujours la Chine restait, indélogeable. Peut-être est-ce le cœur de l’esprit chinois : « j’y suis, j’y reste »… En tout cas, je poursuivais mon Tai chi, tous les matins, qu’il pleuve ou qu’il canicule, sur les plages des surfers australiens, sur les trottoirs de Buenos Aires, les pavés de Valparaiso, et même face aux montagnes bourrées de trolls néozélandais… Il allait falloir faire quelque chose.

Je suis rentrée à Paris, et là le virus n’a pas faibli. Au contraire, il n’a fait qu’empirer : je ne pouvais envisager de circuler que sur un vélo noirci, de cuisiner, que dans un wok, et Chinatown était devenu mon annexe, le lieu d’un ressourcement inégalé où les trottoirs larges hébergeant les discussions et les pas lents des vieux, les amas de brioches vapeur molles et la laideur présumée des immeubles en barres prenaient un charme particulier, auquel ne manquait que l’odeur des pavés de charbon… Je me bourrais de poivre du Sichuan et de tofu fermenté au vinaigre amer, buvais du jus de soja comme d’autres du petit lait, n’arrivais pas à me lasser du riz, même raté, et accumulais en moi les clichés et les succédanés de la Chine, en espérant bien un jour avoir l’occasion d’aller me frotter de plus près à la source étonnante de ces imageries.

Fort heureusement, l’occasion s’est présentée, la vie s’est chargée de me rapprocher encore du mystérieux empire, même si telle n’était pas nécessairement son intention première, en tout cas par une péripétie entrepreneuriale comme il en arrive souvent, je me suis retrouvée cet hiver, d’un poste de communicante pro-OGM (qui avait eu la vertu, déjà, de me pousser dans les bras du bio et de l’écologie forcenée), en mission express de me reconvertir au beau métier des « Ressources Humaines », où j’allais tout naturellement et sans difficulté, n’est-ce pas, m’évertuer à comprendre les mécanismes du licenciement collectif, et trouver les mots pour expliquer aux salariés français que leur poste allait être offert, justement, par un élan tout humanitaire sans doute, à un petit Chinois travailleur et honnête, pas râleur, lui, et qui plus est, pas trop cher…

J’ai dû prendre du recul assez vite, et par la grâce des congés payés, j’ai pu m’envoler, ces dernières semaines, pour une rapide escapade et salutaire trêve pascale, vers Bangkok, et de là le Laos où sous la lune, ce jour-là, est passé le bus chinois magnétisant…

Je ne peux m’empêcher de vous soumettre une brève description de la boite à poissons séchés du Mékong (cousins de la sardine, sous ces latitudes) où je me trouvais lorsque le choc imprévu de ce bus estampillé « Kunming » est intervenu ; de ce trajet laotien typique, paraît-t-il, sensé vous mener de Vientiane à Luang Prabang par l’une des routes les plus phénoménales du monde, en dix heures à peine, une broutille, juste le temps d’apprécier le paysage à sa juste valeur. On a, sur ce trajet, l’occasion d’apprécier aussi la chaleur, la sueur, et l’ambiance, ainsi qu’une variété d’autres émotions et odeurs savoureuses, ce qui n’est pas précisé au guichet à la gare, mais que je confirme.

C’était la fameuse fête du Pi Mai, le Nouvel An lao, la fête du renouveau, où l’on lave les Bouddhas et soi-même, où l’on anticipe sur les réserves d’eau qui ne manqueront pas de tomber lors de la saison des pluies presque imminente, et où l’on s’asperge plus qu’allègrement, de préférence à Luang Prabang car c’est là que la concentration de Bouddhas, de fêtards et de touristes à asperger est la plus grande. Objectif, Luang Prabang, donc, et le pays entier, s’il le peut, se rend en pèlerinage à la capitale du Nord, chargé de matériel et de cadeaux pour la famille, qui trouveront toujours une place dans les transports « en commun », où l’on est, pour sûr, « comme un »… Par un esprit d’amour de la route et de recherche imbattable de la « simplicité au bas prix », je ne remarque même pas le guichet flamboyant « VIP » à la gare, et me dirige droit vers le guichet usuel, où j’acquiers un ticket pour le bus de 10 heures, arrivée 20 heures garantie (mais pas remboursée…).

Pendant une heure, en compagnie de trois autres non-Laotiens égarés, qui se trouvent eux aussi être français, j’observe le chargement du mulot, un bus trois étoiles aux bords arrondis, chromos années cinquante certainement étonnamment clinquants en leur temps, vitres ouvrables − attention, un signe qui ne trompe pas −, et glissières sur le toit pouvant accueillir un métrage à peu près équivalent à celui du véhicule, en hauteur comme en largeur, de sacs de jute, cartons, valises et motos. Et quelques mandarines débaroulantes, que l’on s’empresse en riant de remettre dans le trou d’où elles sont sorties. Au moins, on ne crèvera pas de faim en cas de crevaison…

Nous avons eu la bonne idée de marquer notre territoire suffisamment tôt dans le bus, ce qui nous autorise des sièges, et non les tabourets centraux, à peu près au fond mais pas trop encore. Une fenêtre ouvrable, signe de climatisation « à l’ancienne mode », fort appréciable en cette heure chaleureuse de la journée, et par laquelle on ne cesse de nous présenter, dans les villages traversés, des brochettes de bananes et de poissons séchés ou du riz gluant à la poignée, tandis que nous invoquons Bouddha, ou qui que ce soit pourvu qu’il se montre efficace, pour que le bus redémarre et que la ventilation « garantie naturelle » puisse se faire à nouveau… Je carbure au coca, et à la respiration contrôlée, pour ne pas péter les plombs, m’évanouir, ou céder aux fourmis qui s’installent dans mes jambes pliées en huit (et qui y resteront logées quatre jours par la suite, bien installées qu’elles étaient, elles, dans leur véhicule véhiculé…). A côté de ma voisine française, dans l’allée centrale, un octogénaire sagittaire et assagi attend patiemment, voûté sur sa canne, que le bus avance. Rivé sur son tabouret, il ne cherche même pas à se déplier lors des − Bouddha soit béni − arrêts dépliage et pipi, et s’asperge progressivement, au fil des heures, d’une odeur alcaline bien connue des incontinents chroniques, un peu moins probablement de leurs congénères continents français, mais à laquelle, comme à tout, on se fait bien après tout… Bien entendu la culpabilité nous ronge de le voir, encastré, plié et mouillé, sur un tabouret, mais la pensée d’une banquette en sky chaud imprégnée durablement par-dessus le marché, ainsi que la constatation que la jeunesse laotienne masculine ne fait pas défaut alentour, et pourrait éventuellement céder sa place en priorité − et surtout, avant ces pensées circonvolutées et quoi qu’il en soit injustifiées, un bon vieil égoïsme et un esprit de survie criant, nous laissent bien accrochés à nos banquettes, et à notre bout de fenêtre ouvrable.

Le Pi Mai arrive lorsque la chaleur ne peut grimper plus haut, c’est donc le moment idéal pour une séance de sauna ambulant dans la nature, dans un paysage grandiose, vallonné de pics calcaires recouverts de jungle, il n’y a rien à faire d’autre que de se laisser porter, à deux à l’heure, sur la route, en cessant d’imaginer ses jambes dépliées ou son lit potentiel à Luang Prabang − ceci est une technique toute occidentale qui ne fonctionne pas au Laos : la pensée ne fera pas arriver le lit, et l’envie d’un coca cola ne le fera pas tomber du ciel.

A l’avant du bus, il y a un type bardé d’une mitrailleuse en bandoulière qui plaisante avec le chauffeur, c’est pour les éventuelles attaques de tribus rebelles, ça arrive de temps en temps et on prévoit toujours de quoi les accueillir, et quelques oranges sans doute pour les remercier d’avoir fait le déplacement. Mais rien de trop grave, il n’y a qu’à plaisanter.

On plaisante, on plaisante, mais le bus n’arrive pas !… A la nuit tombée, il continue d’enchaîner les villages paumés, des groupes de cabanes en bambou au bord de la route, à vrai dire, des perchoirs inouïs où l’on vit, à longueur d’année, à flanc de ravin, en attendant que la saison des pluies balaie tout et que l’on puisse recommencer, proprement. Les gamins courent sur un espace large comme la route, il n’y a bien que la route qui soit plate en fin de compte, c’est donc le seul terrain envisageable pour un foot ou une partie de dés, avec les cochons et les poules si l’envie leur vient aussi de jouer…

Un jeune prend sa guitare, sur un tabouret à côté du vieux. Il se lance dans une sérénade de pop thaïe, nous poursuivons à coup de vocalises improvisées, pour le plus grand amusement des Laotiens ; à ce point du trajet plus rien ne compte, que de se porter les uns les autres, et de trouver le moyen de continuer à s’aérer les poumons…

Luang Prabang, trois heures du matin, est une ville qui dort fermement. Même à l’approche du Pi Mai, où les maisons sont débordantes et l’alcool de riz, un peu plus coulant et tardif que d’ordinaire. Nous achevons donc notre périple sur siège chauffant par une sérénade, tout occidentale quant à elle, sous les fenêtres des guesthouses, afin d’obtenir, malgré tout, ce lit auquel il se serait agi, dixit la sagesse, de ne pas rêver. L’Occidental déterminé obtient toujours ce qu’il veut, même si c’est au prix d’un tapage nocturne et d’une perte majeure de la face : le moustique noctambule n’aura pas sa peau.

Forcément, un tel voyage laisse des traces, surtout lorsqu’il se poursuit de quelques rebondissements, l’aspersion magistrale du Pi Mai, pour commencer, ces orgies calmes, mais goudronnées et rieuses, au bord du Mékong ; la panne d’un bateau prenant lui aussi ses aises côté emploi du temps, et la nuit forcée dans un village heureusement accueillant, en attendant de pouvoir repartir ; la rencontre d’un « demi-moine » thaïlandais, Silapa, accompagnant un moine néerlandais, grand type rasé et flasquement blanc en robe orange à la vue duquel il était difficile d’échapper ; des journées paisibles à Chiang Mai, en Thaïlande, pour finir, à dessiner au pastel et au chaud sur des journaux tout fripés, et j’avais tout calculé au cordeau pour arriver juste à point à Bangkok, et reprendre mon avion pour la France, et le charmant boulot humainement ressourçant.

Au terme d’une nuit de train depuis Chiang Mai, et d’une journée à dormir sur le banc d’un embarcadère de la rivière Chao Praya à Bangkok, où l’air avait la bonne intention (pas toujours réalisée) de s’infiltrer un peu plus qu’ailleurs, après une douche à peine efficace en terme de durée de propreté à la gare ferroviaire, je me suis dirigée, un peu déçue mais gonflée d’énergie, vers l’aéroport. Un Thaï peu au fait des techniques habituelles de transport en Occident nous a incitées, une touriste allemande et moi, à prendre le train pour rejoindre le terminal : il nous dirait où descendre, affirmait-il en anglais. Il nous a effectivement indiqué l’endroit, où il s’agissait de sauter du train en marche, certes ralentie, pour atterrir, bel et bien, en face de l’aéroport – à quelques six bretelles d’autoroute près à traverser…

J’ai usé de mes trois derniers dollars pour prendre un taxi et tournicoter sur les bretelles en toute sécurité, et suis arrivée, fière de moi, bien à l’heure à l’embarquement. « Votre avion est parti hier ! », me dit-on. « ????? », réponds-je, en sino-anglo-franco-thaï. L’avion part tous les soirs à 0 :05AM, lesté de quelques imbéciles, comme moi, qui oublient de réintégrer un calendrier horaire dans leur cerveau à l’issue de quelques semaines de jungle éléphantesque ou de tropiques hypnotiques, et se pointent à 22 :05PM : certes, deux heures réglementaires avant l’embarquement, mais avec vingt-quatre heures de retard

S’en est suivi une petite vague de stress, pas mal de chance, et une énergie de Française râleuse et déterminée redéployée à plein, pour obtenir, à la dernière minute et gratuitement, une place (cédée probablement par un imbécile en passe de découvrir, vingt-quatre heures plus tard, la supercherie…), traverser en suppliant le barrage de la taxe d’aéroport à payer en bahts et non en dollars, une particularité de Bangkok que j’avais légèrement oubliée dans ma hâte, il faut croire, à rentrer en France, et arriver finalement, dans un état de course pré-asthmatique, sur ledit fauteuil d’avion, qui du coup m’est apparu d’un confort et d’une sérénité absolus…

Forcément, l’accueil au bureau avec vingt-quatre heures de retard, non pas reposée et douchée de frais, mais fraîchement débarquée de l’aéroport, avec deux heures de retard sur mon planning déjà extrêmement contrôlé en ces temps de crise-de-mon-emploi-en-passe-de-devenir-précaire, a été des plus chaleureux, et a achevé de me donner la motivation nécessaire pour rédiger, le soir même et en tout repli flottant du décalage horaire, ma lettre de démission… Et attaquer aujourd’hui ce blog, car je sens que ces petites pérégrinations lunaires au Laos ont déclenché, cette fois-ci, un voyage d’un peu plus de vingt-quatre heures « tout compris » vers les montagnes, et les mystères, du Yunnan…

Restent trois mois de préavis pour activer plus que jamais la machine à rêves et images sur la Chine, et surtout trouver un emploi, à Kunming si la chance m’est prêtée…